La société des lecteurs du Monde organisait le 22 Janvier une soirée à la salle Pleyel. Après une rapide information de Jean Martin, Président de la SDL, sur la crise de gouvernance en cours nous avons eu le plaisir d’écouter l’Orchestre de Paris et son coeur sous la direction de Marin Alsop.

Mieux qu’un concert il s’agissait d’une générale et nous avons eu droit à une belle leçon de management. Assez tentant de faire un parallèle entre les artistes musiciens et les journalistes rédacteurs . . .

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Pour résumer de façon très sommaire, la crise du journal tourne autour de rédacteurs et de membres du personnel en conflit avec les personnes chargées de les diriger, de décider de l’avenir du groupe Le Monde. Dirigeants qui eux même semblent avoir beaucoup de mal à s’entendre entre eux. Je ne sais pas s’il y avait beaucoup de rédacteurs du monde dans la salle hier soir mais la façon dont Marin Alsop reprenait l’ensemble de l’orchestre pour leur demander de refaire les mesures imparfaites et préparer un concert optimal était impressionnante. Oup ! un coup de baguette et tous les archers se remettaient à frétiller, les bouches s’ouvraient pour vibrer à nouveau. L’oreille du profane avait bien du mal à distinguer les fautes qui justifiaient le fait de faire à nouveau. Mais on peut se demander quel rédacteur accepterait ce genre de traitement, être fermement amené à revoir tel ligne, tel paragraphe… Il est vrai aussi qu’il y avait une seule baguette et un seul chef d’orchestre, avec une assistance assez discrète du premier violon. Peut être que si la direction d’orchestre symphonique était aussi complexe que les entités du groupe le monde la générale aurait été un tantinet plus houleuse ?

Un autre facteur déclenchant dans la crise du Monde reste l’opposition entre le papier, média traditionnel, et les nouveaux médias, en particulier lemonde.fr. Là encore le parallèle est tentant. Hier dans la salle, rien de numérique. Uniquement de véritables cordes vocales, des instruments à corde ou à vent. Pas même un micro. De véritables vibrations humaines partagées par d’autres êtres humains. Je ne vois pas comment les technologies pourraient améliorer cela mais on peut imaginer plusieurs pistes pour gâcher le spectacle : retransmission uniquement par webcam, voire orchestre jouant à distance chacun dans son coin, l’ensemble des sons étant regroupés informatiquement, un peu comme dans une gigantesque web conférence. On peut aussi imaginer que les pupitres et les partitions papier sont remplacés par des écrans plats (plus question alors de poser son violon et prendre le crayon papier pour pointer tel ou tel passage …). J’imagine que Marin ne sera guère d’accord pour diriger un orchestre à distance et que beaucoup des musiciens auront donné leur démission bien avant que cela soit mis en place. Est ce que se mettre dans la peau des musiciens permet de mieux comprendre les réactions des rédacteurs face aux médias numériques ? J’aimerais bien avoir votre avis là dessus . . .