Toujours dans le cadre du World Forum de Lille, un samedi 11 après midi avec un dernier grand débat sur les relations entre entreprises et ONG.

Une table de ronde de choix pour aborder ce sujet (de gauche à droite sur la photo) :
Damien DELEPLANQUE du groupe ADEO
Brita WESTELIUS de Kraft Foods Europe
Chris HARRIS de Green Peace
Nathalie MALIGE de Diverseo comme modérateur
Michiel LEIJNSE de Lipton brand
Scott POYNTON de Tropical Forest Trust
Nancy DALE d’Action Against Hunger.

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Où l’on apprend que le groupe ADEO (Leroy Merlin, WellDom, BricoMan) est en test sur certains magasins qui ont supprimé totalement les produits de type pesticide de leur rayon jardin sans voir baisser leur chiffre d’affaire. Après des débuts tumultueux il y a quelques années (« démontage énergique » d’un rayon jardin dans un magasin du groupe par des militants green peace), le groupe est maintenant engagé dans un vrai dialogue avec les ONG, utilisant les expertises par exemple dans le domaine des bois exotiques.

Où l’on découvre des ONG très différentes dans leur posture en terme de financement. Green Peace refuse catégoriquement toutes formes de subventions de la part des entreprises et ne vit que des dons des généreux membres donateurs. A l’opposé Tropical Forest Trust s’inscrit dans des financements venant à la fois des chaines de ventes au public et des industries de transformation du bois. Ces financements étant alors utilisés pour aider l’ensemble de la chaîne à travailler de façon responsable : points de vente, industrie de transformation, producteur local.

Les industriels sont tous d’accord pour dire que les ONG disposent d’expertises qu’ils n’ont pas en interne pour mettre en place des certifications, aider les producteurs locaux. Green Peace insiste sur son rôle de poils à gratter, la nécessité de bousculer les industriels pour les forcer à agir.

Tout cela me laisse un peu sur ma faim et j’ai la chance d’avoir le micro pour pouvoir poser une question, demander pourquoi il n’y aurait pas une certaine perméabilité des hommes entre industrie et ONG, avec parfois des doubles casquettes et/ou des mouvements de personnes compétentes d’un bord à l’autre au cours d’une vie active. Aprés tout, au lieu de raisonner en terme de flux financiers uniquement, on pourrait aussi parler de transfert de compétences par mouvement de personnel ? La réponse de Green Peace est la plus franche : pas question de faire appel à des personnes ayant reçu de l’argent de l’industrie… (?? ai je bien compris ? il parlait en anglais et je n’avais pas mis le casque pour profiter de la traduction en temps réel…). Je reste sur l’étrange image de 2 blocs qui « s’affrontent » en oubliant que dans les 2 cas les collaborateurs sont des êtes humains vivant sur la même terre avec les mêmes objectifs de durabilité planétaire. Je suis pourtant convaincu, car c’est une de mes découvertes dans l’animation du réseau centrale éthique , que les gens qui font bouger les choses sont souvent des personnes charnières, avec des vies doubles ou triples, assumant des responsabilités à la fois dans une entreprise classique et dans une ou plusieurs associations moins lucratives.

Quelques questions « off » pour Green Peace : prennent-ils le temps de vérifier que l’argent des dons reçus n’a pas été obtenu grâce à une activité salariée dans l’industrie ou les services ??? Autrement dit refusent-ils les dons des personnes ayant une activité salariée dans le privé ? Et d’aileurs même en ce qui concerne les fonctionnaires, les salaires viennent aussi quelque part de nos impots et donc des activités industrielles . . . ;-)))