Une table ronde très bien remplie pour la conférence de ce mercredi 14 février matin, organisée par PCW et sensée faire le point sur les conclusions de DAVOS : Sheana Tambouri, Willem Bröker, François Rachline, Franck Brown, Philippe Manière et une animation dynamique de Didier Ades et Dominique Lambert, journalises à France Inter.
Nous avons passé plusieurs minutes à discuter du bien fondé de se rendre ou pas à Davos. Les pros insistant sur le fait que l’on rencontre plein de gens (le tiers du pib mondial), que l’on peut avoir des avis très différents et qu’on en discute ouvertement, et que l’on peut même y rencontrer des gens que l’on ne connait pas. Philippe Manière explique de façon très élégante qu’il est le seul invité à la table à n’avoir jamais mis les pieds à Davos et qu’il s’en porte très bien. Cela deviendrait même une valeur rare pour dialoguer avec certaines ONG d’être un non davos. De toute façon la représentation française était semble-t-il très limitée, insuffisante de l’avis des invités à la table ronde. D’après François Rachline, cela peut s’expliquer, les français s’y mettant finalement toujours, mais bien souvent après les autres.
L’enquête PCW vers les CEO européens apporte aussi des infos intéressantes sur la perception des dirigeants. La part de dirigeants très confiants dans la croissance des bénéfices de leur société est passé de 41% en 2004 à 52% en 2006 ! Et de plus, prêt de 80% pensent que la croissance de leur boîte va pouvoir être générée intégralement par le cash flow généré en interne. Bon… ben c’est bien tout ça…. Mais dans le même temps, ces dirigeants reviennent de Davos en s’offusquant que les Russes affichent tout haut la volonté de racheter ces mêmes boites ? Que les Chinois se targuent d’imposer leurs propres règles du jeux ? Sans parler des Indiens qui sont déjà passé à l’acte.
C’est bien de faire une enquête sur la perception, mais c’est encore mieux quand on peut la comparer à la perception des différentes catégories d’acteurs. Les slides éclataient les réponses des dirigeants en fonction des pays (les français vont faire plus appel au marché, comptent moins sur leur cash flow, pensent surtout croître en attaquant de nouveaux marchés) mais aucune comparaison avec les perceptions des cadres et salariés de base. Sur le diagnostic perception développement durable conçu par un groupe de travail centrale ethique , nous avons pris le temps d’analyser les différences de perception entre les différentes populations et le résultat est sans appel : les diagrammes araignées présentant les profils des dirigeants, des ingénieurs, des techniciens puis des ouvriers sont clairement emboîtés les uns dans les autres.
Sheana Tambouri nous a aussi présenté de jolis graphiques dont un d’entre eux m’a fortement interpellé. Lorsque l’on demande aux participants quels sont leurs principaux centres d’intérêt, les 2 notions de marché émergent et de changement climatique arrivent en tête avec plus de 30% des votes. Mais dans le même le temps, le choix inégalité est à moins de 7%. Je ne sais pas exactement comment la question était rédigée mais comment accorder autant d’attention aux marchés émergents et si peu aux inégalités entre les pays concernés, sans parler des inégalités grandissantes parmi les populations des marchés des pays déjà développés ? Peut être est-ce de ce décalage que Nicholas Stern voulait parler l’autre jour à Science Po quand il insistait sur les choix éthiques à l’origine du calcul des coûts du réchauffement climatique. Il est vrai que considérer ces marchés émergents uniquement comme de nouveaux clients potentiels et solvables sans problème doit être bien tranquillisant.
Bravo en tout cas à PCW pour avoir permis à ceux qui n’y étaient pas d’avoir pu toucher du doigt une partie de l’ambiance DAVOS. Merci de nous informer dès que les slides seront disponibles sur le site PCW.
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