Encore un article (Matthieu QUIRET dans les échos du 28 Mars) qui remet les sondages en question. Ou en tout cas la fiabilité des résultats obtenus sur des panels qui ne dépassent guère 1000 personnes. La question des techniques statistiques permettant d’évaluer les marges d’erreur est une chose mais quel dommage de ne pas prendre le temps de pousser l’analyse critique au delà du cadre actuel. L’article tombe ainsi hélas dans 2 pièges assez classiques.

 

  • opposition entre internet et les autres techniques. Pourquoi diable continuer à opposer les sondages en face à face, à ceux réalisés par téléphone ou encore sur Internet. En dehors du fait que beaucoup de sociétés tentent d’imposer sur le marché des outils « mono médias », absolument rien ne s’oppose à des sondages « pluri médias ». Les méthodes de l’European Social Survey sont apparemment considérées comme exceptionnelles pour l’aspect aléatoire parce que l’enquêteur prend un trajet aléatoire, choisit une famille au hasard pour l’interroger. Ceci étant la dite famille doit accepter d’être interrogée n’importe où dans la rue (ah le hasard…) pendant souvent une heure. L’article ne précise pas si certains de ces entretiens doivent être réalisés au soleil et d’autres sous la pluie pour être certain de la qualité des données. De la même façon l’auteur précise que les jeunes sont difficiles à contacter sur leur téléphone fixe car ils n’ont plus qu’un mobile. Et alors ? De mon point de vue les techniques les plus fiables sont celles qui doivent permettre d’interroger chaque personne sur le média habituel ou le trajet qu’elle a l’habitude d’emprunter. Rien ne s’oppose, sur une même enquête, au fait de rassembler des centaines de réponses d’entretien en face à face, d’autres provenant d’entretiens téléphoniques, de questionnaires auto administrés sur Internet ou encore de jeunes interrogés sur leur portable par SMS.
  • continuer à penser panel. Je suis désolé monsieur QUIRET mais le dernier paragraphe de votre article m’a fait bondir (j’ai même dû attendre 24 heures avant de rédiger ce billet pour me calmer un peu…). Tout d’abord on n’attend pas les scientifiques pour inventer le sondage en ligne, y compris multi média. Et ensuite la notion de panel ou d’échantillon perd tout son intérêt sur Internet. La bonne est question n’est plus « comment adapter les techniques d’échantillonage à Internet » mais bien « par quoi remplacer la notion d’échantillon dans les enquêtes en ligne ». J’espère que quelques scientifiques commencent à travailer sur cette seconde question (probablement pas dans les mêmes unités de recherche que ceux qui restent sur la première question…). Je sais que beaucoup de prestataires de services, qui ont fait le choix de porter simplement sur Internet les pratiques habituelles, ne seront pas d’accord avec mes propos. Mais je les assume. Ils sont d’ailleurs clairement détaillés dans un livre sorti récemment .