Une fois de plus, le blackberry fait parler de lui. Alain Juillet, haut responsable chargé de l’intelligence économique auprès de l’Elysée, vient d’interdire dans les Ministères l’usage de ce beau joujou. Raison invoquée : trop dangereux de laisser passer sur des serveurs tous hébergés  outre atlantique des messages confidentiels traitant de la diplomatie française, de nos stratégies de négociation.

Sans doute a-t-il raison. Trop dangereux de laisser ces messages circuler, même criptés, de l’autre coté de l’atlantique. Mais l’histoire ne dit pas quelles technologies alternatives sont proposées. Après tout il ne doit pas être impossible d’intercepter les mails ou SMS même sur nos réseaux nationaux. Est-il question de revenir au bon vieux Minitel ?

Je vois une autre raison au moins aussi bonne d’avoir interdit les black berry dans les Ministères : faire en sorte enfin que chacun écoute vraiment son voisin de réunion quand il prend la parole au lieu de lire ses mails arrivant au fil de l’eau (pour les néophytes, le blackberry travaille en push : si il est allumé vous recevez immédiatement le mail dès qu’il a été envoyé, même pas besoin de cliquer sur « lire mon courrier », donc pratiquement impossible de participer, au sens de prendre vraiment part, à une réunion à partir du moment où il est allumé)

Espèrons que cette sage décision sera accompagnée d’une véritable sensibilisation de l’ensemble des agents des Ministères pour éviter d’autres pièges d’intelligence économique tels que par exemple :
– utiliser les services très pratiques de partage de document à distance, offert très gentiment par google (ça marche bien pour les textes et les feuilles de calcul),
– parler à haute voix dans les trains, les avions ou les restaurants des dossiers sensibles (sidérant ce que l’on peut apprendre en laissant traîner ses oreilles dans certains tgv),
– gagner quelques euros en faisant héberger ses questionnaires en ligne sur des serveurs gratuits aux US (le lecteur averti aura remarqué que je me repète, que j’en ai déjà parlé ici, et dans mon livre sur les questionnaires … mais je suis tellement sidéré que de grandes entreprises tombent dans un piège aussi simpliste que je ne veux pas rater une chance de prévenir ceux qui découvrent seulement ce blog…)