4 extraits de conférence passionnants sur les pages débats « L’homme dans des conditions extrêmes » du Monde du 19 Juillet. Je ne peux pas m’empêcher, une fois de plus, d’enlever mes lunettes pour voir de loin ces 4 articles côte à côte, chercher les points communs et les différences. L’équipe de rédaction, et l’université de tous les savoirs à laquelle nous devons ces articles, ont ils pris soin de choisir volontairement des sujets aussi différents sur certains critères ?

  • vivre dans la rue à Paris. Des conditions extrêmes créées par notre société de consommation. Nous ne sommes pas en guerre et pourtant cela se passe très durement pour ceux qui finissent dans la rue dans notre capitale,
  • les femmes nomades du sahara. Des conditions extrêmes acceptées par ceux qui ont choisi de vivre dans cette région du monde particulièrement difficile. Pas vraiment de conflit ouvert, le réchauffement climatique aggrave à peine les conditions déjà très dures,
  • les réfugiés du darfour. La région n’est pas facile mais ce sont surtout les conflits locaux qui durcissent les conditions de vie, amènent 200.000 personnes à s’entasser dans un même camp de réfugiés.
  • les inuits. Pas de guerre en cours. Les conditions de vie sont déjà extrêmes mais le réchauffement climatique met carrément en jeux à court ou moyen terme l’existence même de leur civilisation.

Est ce que no SDF parisiens (10.000 à 15.000 ! ) se sentent soulagés de savoir que parmi les 4 conditions extrêmes rassemblées dans cette même page ils font partie des seuls privilégiés vivant en zone tempérée, hors conflit, et sans que  leur civilisation soient menacée à court terme ? Je n’en suis pas sûr. La conférence du Docteur Jacques HASSIN est touchante sur la description de leur rapport au temps, l’impossibilité à se projeter dans l’avenir. Une différence forte, même si ce sujet est peu abordé dans les autres articles, avec les 3 autres conditions extrêmes dans lesquelles les acteurs continuent à se battre, au sens propre et figuré du terme, pour leur survie, leur cellule familiale, avec une vision possible de l’avenir.

Une remarque troublante dans l’article sur les gens de la rue : le très faible taux de suicide, difficile à expliquer compte tenu de la dureté des conditions de leur existence. Justifié par le fait que l’avenir n’existe pas, qu’il est totalement nié. Page 14 du même numéro du Monde, on revient pourtant sur les suicides dans l’industrie automobile. Après Renault, les inquiétudes montent Chez PSA cette fois ci. Nous ne sommes plus dans la page « conditions extrêmes ». Et pourtant . . .