J’étais parti pour parler surtout de technologies en ouvrant ce blog mais difficile de ne pas réagir face à l’actualité. Quelle drôle d’idée que la nouvelle proposition de Nicolas SARKOZY consistant à faire travailler chaque élève de CM2 sur l’histoire d’un des enfants juifs disparus dans la shoah.

Le milieu éducatif et les pédopsychiatres risquent de ne pas être les seuls à se battre contre cette proposition.

Faire en sorte que nos enfants sachent ce que c’est qu’une guerre et les atrocités que l’on peut y commettre me semble une bonne chose. Faire porter cette reflexion uniquement sur une des populations concernées me semble déplacé.

Je n’ai perdu personne dans les camps de concentration mais du côté maternel ma grand mère et celle qui serait devenue ma tante ont disparu en Mai 1940 à Abbeville, probablement d’ailleurs sous des bombes anglaises. Pourquoi ne pas faire réfléchir aussi nos chères têtes blondes sur ce genre d’absurdité ?

Bien sûr on va m’expliquer que cela n’était qu’un « dommage collatéral », que cette grand mère jamais connue n’est pas morte à cause de ses convictions religieuses ou politiques… Ok. Alors prenons le côté paternel. Mon grand père espagnol est tombé du côté républicain quelque part dans les asturies alors que ma grand mère fuyait les combats en traversant les pyrénées à pied avec mon père sachant à peine marcher. Cette fois c’est bien de conviction politique et anti cléricale qu’il s’agit. Les réfugiés espagnols ont d’ailleurs aussi eu droit à leurs camps, et sur le territoire français qui plus est … Là encore, faire travailler nos enfants sur le contexte qui a fait exploser la guerre civile en espagne éviterait peut être que l’on se retrouve dans quelques années dans une situation comparable à cause des erreurs de certains de nos gouvernants.

Je dois avouer bien égoïstement que sur ces deux points cela m’interesserait que mes enfants comprennent à l’école ce qui fait aussi partie de l’histoire de leur lignée.

Faire réfléchir sur l’absurdité des conflits et des guerres. Oui. Mais le limiter à certains de ces aspects ne me semble pas souhaitable. D’ailleurs si le sujet restait centré sur la shoah, la moindre des choses serait tout de même aussi de permettre aux élèves de choisir d’enquêter sur les enfants juifs qui sont restés vivants, parce qu’ils ne sont pas partis, parce que des français catholiques ont fait le choix de les cacher. Le chiffre des enfants disparus est bien connu. Celui des enfants sauvés par des gens ayant pris le risque de le faire ne l’est pas ! Cet autre type d’enquête aurait l’avantage de pouvoir donner la parole à des personnes encore vivantes, les faire témoigner du danger de l’époque et de la solidarité possible malgré les risques…

Changeons de point de vue. Visons l’avenir ou au moins le présent plutôt que de rester obsédé par le passé. Pourquoi ne pas lancer des pistes de travail autour des conflits en cours aujourd’hui sur notre planète, des enfants en train de subir des choses impensables dans notre pays, dont la vie est actuellement menacée. Pourquoi ne pas faire parrainner par exemple un petit irakien vivant au milieu des attentats ? Ou un des enfants soldats enrôlés quelque part en Afrique ? On pourrait aussi choisir d’autres pays actuels du proche orient mais je ne vais pas en parler parce que je prendrais le risque de paraître antisémite.

Globalement je suis assez surpris par les réactions des psychopédiatres. Si nous devons nous élever contre cette mesure imposée, ce n’est pas seulement parce qu’il s’agit d’une charge trop lourde à porter pas nos enfants en CM2. Pour moi ce serait tout aussi grave même avec des élèves en Terminale. C’est aussi et surtout parce que ce n’est pas la « société civilisationnelle » dont nous rêvons. Car en prenant un angle d’éclairage aussi étroit ont ne peut rien faire de mieux que réveiller nos antagonismes religieux. Et sur ce point j’avoue être plutôt en phase avec la prise de position récente de Simone VEIL.