On a beaucoup parlé ces derniers temps de la part du budget de l’Elysée consacrée aux sondages et en particulier ceux achetés à Opinion Way.

Personnellement j’ai toujours été opposé aux techniques classiques de sondages par panel. Ce qui n’empêche pas FORMITEL de cumuler les expériences réussies dans le domaine des enquêtes et sondages en ligne depuis maintenant plus de 20 ans (même si en 1988, les questionnaires administrés par Minitel n’étaient pas encore qualifiés de « en ligne »).

On pointe surtout du doigt l’argent dépensé, mais c’est dommage de ne pas évoquer la méthode. Pourquoi une « grande démocratie ouverte » comme notre France n’est-elle pas capable de donner la parole à un peu plus de 998 citoyens choisis selon la méthode des quotas ? Je ne peux que regretter que les sociétés proposant des sondages en ligne aient conservé cette logique, avec des questionnaires classiques, considérant les panelistes comme une cible passive. Pratiquement tous les questionnaires sur lesquels nous travaillons sont basés sur le principe de sondage-diagnostic : chaque personne participe au sondage, certes, mais dispose aussi en temps réel de son profil sur plusieurs critères par rapport à la problématique étudiée. Un plus incontournable à mon sens pour rendre chaque participant actif dans le cadre d’un projet de changement. Cela fonctionne très bien en entreprise et il n’y a pas de contre indications pour les usages sociétaux. Evidemment, pour faire bouger le maximum d’acteurs, il faut donner la parole à chaque personne. Internet est le média idéal pour cela : nos serveurs nous permettent d’interroger des dizaines de milliers par heure pour un coût unitaire très faible.

D’un point de vue financier ce qui me désole le plus ce n’est pas que les études aient apparemment été payées plusieurs fois (par l’Elysée via un cabinet de conseil et par des grands médias comme le Figaro et LCI, d’aprés les médias concurrents en tout cas…) mais c’est le principe même d’une facturation. A côté des enquêtes réalisées pour les clients de FORMITEL, dont les résultats restent bien sûr confidentiels, j’ai compris depuis plusieurs années que les outils que l’on avait entre les mains peuvent aussi être utilisés pour des usages plus sociétaux, dans une logique bien différente du BtoB habituel. Nous avons ainsi mis en place des questionnaires sur différents sujets (diagnostic développement durable avec centrale ethique, la responsabilité sociale des cadres avec iresca, les nanotechnologies avec vivagora…). La priorité n’est plus de facturer pour développer une entreprise commerciale mais de s’appuyer sur des réseaux naturels pour sensibiliser, faire bouger à la fois chaque individu et la société en général. Cela prend un peu plus de temps, passe par la mise en place d’un groupe de travail dans lequel chacun est prêt à donner un peu avant de recevoir à son tour. Je reste persuadé que de telles voies pourraient aussi être explorées pour piloter les actions menées au plus haut niveau de l’état. Une équipe capable de mettre en place des Grenelles devrait trouver d’autres solutions que celle consistant à payer des sondages éphémères au prix fort.