Comment ne pas être tenté de mettre côte à côte certains évènements récents, répartis sur plusieurs continents :

  • 1 – les médias français s’emparent des problèmes des suicides dans les grandes entreprises françaises. Quelques jours après les drames du Technocentre de Renault, les cas de la Centrale EDF de Chinon sont repris dans tous les médias. Comment notre démocratie, nos systèmes évolués de gouvernance, nos DRH toujours à l’écoute (si, je vous assure, j’en connais beaucoup réellement attentifs…), peuvent ils laisser des hommes se désespérer à ce point ?
  • 2 – les attentats suicide reprennent prêt de chez nous. L’Algérie, puis le Maroc. Cela semble plus proche tout d’un coup que les nombreux incidents irakiens dont on a presque pris l’habitude et qui concernent plutôt les USA. Comment des jeunes gens apparemment sans histoire peuvent ils accepter de sacrifier leur existence en essayant de détruire le maximum de personnes avec eux ?

Avons nous plus de mal à accepter les terroristes kamikazes que les cadres qui décident de se donner la mort faute de trouver d’autres solutions ? Sûrement beaucoup de dégâts autour d’eux dans les 2 cas. Surtout moraux pour les proches et les camarades de travail dans un cas, plus physiques pour des innocents qui se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment dans l’autre. Je ne peux pas m’empêcher de penser que les malaises des premiers sont aussi négatifs que l’extrémisme des seconds. Je repense aussi à cette distinction fondamentale qui permettait de classer les problèmes dans les démarches qualité totale : apprendre à faire la différence entre « pourquoi » et « pour quoi ». Un peu l’impression que les réactions suites aux suicides dans notre société restent sur le registre du « pourquoi » alors que les jeunes kamikazes sont plutôt dans le « pour quoi ». Une recherche des causes et des coupables dans un cas, un désir de se battre pour une cause et un avenir dans l’autre. Je n’ai pas envie de jouer les kamikazes mais je ne suis pas sûr que ce rapprochement tourne à notre avantage. Il nous reste à espérer que les médias arabes attachent moins d’importance à nos cadres disparus volontairement, que nos médias aux kamikazes de l’autre coté de la méditerranée.

  • 3 – Nous pourrions être tentés de nous rassurer, de se dire qu’au moins les responsables choisissant de disparaître volontairement dans nos sociétés développées le font de façon discrète, sans chercher à nuire à leur voisinage. Et c’est là que le carnage des 30 étudiants de Virginia Tech fait froid dans le dos. Trop tôt pour savoir exactement ce qui s’est passé. Sans doute rien à voir avec la pression du stress au travail. Peut être plutôt un effet terriblement pervers de certains jeux vidéos ? En tout cas là encore les jeunes gens ont décidé de ne pas partir seul.

Ca fait mal sans doute de mettre ces 3 types de disparitions volontaires en parallèle. A quoi bon après tout ? Sauf si le fait de les rapprocher, de les analyser ensemble, permettait quelque part de mieux les comprendre, de mieux les éviter. Il me semble que les 3 cas ont à la fois de très fortes différences et en même temps de terribles similitudes. Ce qui est sûr en tout cas est que le sang des uns aurait pu aider à sauver la vie des autres et que dans les 3 cas il s’agit d’anomalies graves dans le fonctionnement de nos sociétés…