Cette semaine j’ai croisé une responsable d’enquête marketing qui m’a expliqué comment il montait des enquêtes pour vérifier la capacité d’un produit à pénétrer un marché, tester une à une les fonctions de ce produit.
En lisant l’article de Pierre LE HIR sur le pétrole bleu d’Alicante (page planète du Monde du 29 janvier 2010) j’ai une bien autre vision… Je m’explique en deux mots : certes, ce pétrole bleu n’est pas simple à fabriquer, car il utilise un cocktail d’énergie solaire, de phytoplancton (on sait pas exactement lequel…), de gaz carbonique avec un peu de phosphate et de nitrates. Mais ce n’est pas cela qui m’a paru le plus révolutionnaire dans ce produit. C’est plutôt le fait que pour être rentable le business modèle s’appuie sur la vente du pétrole et de plusieurs produits apparaissant lors de la réaction : charbon actif, acide gras de type oméga 3, différentes matières carbonées solides…
Cela me laisse songeur car ce modèle semble très loin de tout ce que l’on apprend dans les écoles de commerce. En général tous les modèles sont centrés sur « le produit » et éventuellement ses dérivés, réservés à une cible relativement homogène (je repense aux termes utilisés par mon interlocuteur cité ci-dessus…). Ici cette logique éclate totalement : le processus est complexe mais les produits obtenus aussi et il faut imaginer le moyen de les vendre à des clients très différents, les rendre utilisables comme entrants dans des processus de production qui n’ont rien à voir les uns avec les autres !
Et si cela faisait partie des leviers pour basculer vraiment dans le Développement Durable ? Apprendre à nos jeunes futurs dirigeants à imaginer des business plan dans lesquels même les déchets apparents peuvent devenir une matière première utile ailleurs, avec une vraie valeur ajoutée. Suren ERKMAN et Dominique BOURG vont sans doute me répondre qu’ils travaillent depuis longtemps ces concepts d’écologie industrielle, qu’un pôle français existe depuis des années. Mais pour le moment il me semble que ce sont surtout les ingénieurs qui s’en préoccupent. Alors, tant que dans les écoles de commerce on n’apprendra qu’à promouvoir les produits que l’on trouve dans les « linéaires » (linéaire… tient donc… comment ce qui est complexe pourrait se retrouver en linéaire…) de nos grandes surfaces (ou éventuellement les sites de commerce en ligne…) je ne vois pas comment les choses pourront vraiment évoluer.
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