J’ai mis du temps avant de me décider à écrire en réaction à l’article de rafaële rivais sur le traitement par bruxelles des mails des journalistes.

Problème complexe mais qui me semble relié de plusieurs façons au titre de ce blog : éthique et TIC. En résumé : est-il normal que le parlement publie sur son site toutes les demandes d’informations des journalistes, associées aux réponses qui leurs sont faites ? Cela tendrait-il à stériliser l’information, casser beaucoup de scoop … ?

Gilles Klein a déjà réagi très rapidement par un billet sur son blog

Première remarque préalable, l’article critique la publication des infos données aux journalistes. Or la stagiaire a pris contact avec la journaliste du Monde pour savoir ce que le parlement lui avait répondu. Donc apparemment le parlement n’avait pas suivi la règle puisque la stagiaire avait pu trouver la question, mais pas la réponse sur le même site…

D’un point de vue éthique. La question n’est pas simple à trancher. Comme d’ailleurs pratiquement toujours quand il s’agit d’éthique. Les 2 points de vue peuvent se comprendre. M F Gabriel résume bien le problème quand elle explique qu’elle veut voir publiées ses lettres en tant que présidente de l’association des journalistes du parlement européen mais pas celles émises en tant que journaliste . . . Notons au passage la complexité particulière du cas traité par l’article. Ok pour publier les lettres des lobby. Ok pour ne pas publier les questions des journalistes. Mais comme la demande en question est émise par un journaliste, mais porte en même temps sur la question des lobbying ??? on fait quoi ?? Je me garderais bien de trancher. Même si le principe de publication systèmatique me semble un peu déplacé, et difficile à exercer à 100% (voir ma remarque dans le paragraphe précédent…). Mais comme je le faisais remarquer dans le billet parlant des déplacements de malles de dossiers entre bruxelles et strasbourg , un éclairage par la partie TIC peut amener à voir les choses autrement.

D’un point de vue TIC il est tentant de sortir du cadre de l’analyse. De remplacer faire ou ne pas faire, par faire autrement. La règle semble avoir été imaginée à une époque où les mails et le spam n’existaient pas. Il était alors peut être facile de mettre en ligne l’image des lettre reçues chaque jour.

pas techniquement crédible. C’est la première idée qui me vient me tête. Ce n’est pas techniquement crédible. Si un de mes clients me demandait de trouver une solution pour publier en ligne sur le site web tous les mails de l’extérieur reçus par le comité de direction je tenterais certainement de le faire changer d’avis et lui demanderait de toute façon de trouver quelqu’un d’autre pour le faire s’il confirmait sa demande. Une solution totalement automatique inonderait vite le site en rendant l’information illisible. Une solution avec interface de tri par des êtres humains coûterait trop cher à mettre en place et j’espère que ce n’est pas à cela que le parlement européen utilise nos impots…

faq ou liste de diffusion ? Pourquoi ne pas aller plutôt vers des systèmes de FAQ. Tous les sites web qui veulent répondre à un maximum de personnes en y consacrant le minimum de ressources internes ont mis en place une liste des questions fréquemment posées. Une autre manière de faire consisterait à mettre en place une ou plusieurs listes de diffusion. Dans ce cas les demandes restent émises par les journalistes sous leur forme actuelle. C’est le mode de réponse qui change avant tout.

forum ou wiki ? On peut aussi rêver de voir les journalistes émettre autrement leurs questions. Pourquoi ne pas les partager via un forum ou outil de collaboration genre wiki ? les habitudes de travail des journalistes papier sont sans doute très loin de ces pratiques. et pourtant . . .

Pour amener un peu d’humilité avec les exigences de scoop des journalistes, tentons un autre parallèle avec le monde du logiciel libre, et les nombreux forums sur lesquels les développeurs s’entraident en utilisant leurs compétences pour aider leurs confrères et néanmoins concurrents à résoudre leurs problèmes techniques. Est ce possible d’imaginer le même principe avec les informations alimentant la presse papier ? Personnellement j’ai déjà été dépanné par des inconnus me proposant une solution à un problème concret via des forums techniques. Et ca ne m’empêche pas de continuer à acheter des livres techniques de plusieurs centaines de pages pour continuer à apprendre et à comprendre. Est ce que je rêve quand je me dis que le même type de collaboration pourrait aider les journalistes papier à écrire plus vite des articles de meilleure qualité ?