J’ai faillit m’étrangler en lisant l’analyse de Frédéric Lemaître dans LE MONDE du 26 Mai 2007. Des choses intéressantes sur le travail ressenti comme souffrance. Bon, je n’ai pas tout à fait compris le raccourci consistant à conclure que Toyota n’est pas français (parce que les français innovent moins ???) mais surtout je m’élève contre la présentation qui est faite de l’enquête « Great Place to Work ».
Si l’on lit sans chercher à voir plus loin, on se dit qu’effectivement les patrons français sont bien inconscients de ne pas prendre le temps de se porter volontaires pour faire participer leur entreprise à cette enquête. L’article pointe du doigt, au mauvais sens du terme, le fait que, alors que dans la plupart des pays les organisateurs sont obligés de limiter à 200 entreprises, en France une soixantaine seulement se serait prêtées au jeux.
Mais l’envers du décor est un peu différent :
- le volontariat ça coûte. le lecteur aurait pu croire qu’il s’agissait simplement de lever le doigt pour participer. Un rapide tour sur le site web de Great Place to Work nous apprend que la participation de l’entreprise est au minimum de 5.000 Euros H.T. si l’on veut avoir accès à un bench mark (et pour ce tarif, uniquement les rapports, pas de présentation par un consultant qui fait appel au tarif supérieur). Comme le contenu du questionnaire est assez opaque (rien de visible sur le site web), on comprend que beaucoup de dirigeants hésitent. Internet offre effectivement des possibilités de réaliser des enquêtes simultanées sur plusieurs structures, mais à des coûts bien plus faibles ! A titre de comparaison, les packages diagnostic perception développement durable mis au point par GEODD démarrent à quelques centaines d’euros, bench marking compris !
- les enquêtes de ce type sont dangereuses pour nos sociétés européennes. Je l’ai dénoncé dans mon livre et je le redis encore en réaction à cette enquête. Il n’est pas logique d’une part de s’offusquer des systèmes d’écoutes mis en place par la CIA, et d’autre part de payer pour confier l’analyse des points forts et points faibles de nos sociétés européennes à une entreprise pilotée de l’autre côté de l’atlantique. Les dirigeants qui ont refusé de monter dans ce train ont donc avant tout évité de commettre une faute évidente en terme d’intelligence économique.
- le modèle US n’est pas (plus) universel. Beaucoup d’analyse d’experts commencent à différencier les modèles de management américains, des modèles européens ou asiatiques. Pourquoi donc nos dirigeants seraient ils obligés d’évaluer le « bon vivre » dans nos entreprises avec les mêmes questions que celles définies aux USA ?
Donc au moins pour ces 3 raisons, je propose de ne pas jeter la pierre aux dirigeants qui ont refusé de participer à cette enquête. La liste des entreprises françaises nominées en France montre (ouf…) qu’en fait il s’agit surtout de filiales de grands groupes américains. Quelques pépites françaises sont hélas présentent parmi les « silver winners » : Leroy Merlin, Groupe Danone siège (siège seulement ?? ), Cofidis et Bouygues Telecom.
Des volontaires pour fonder le même genre de système ? Mais en s’appuyant sur des valeurs différentes, plus proches de notre culture européenne ? Avec une approche du genre « libre » pour que le coût soit le plus faible possible, accessible même aux petites entreprises ? J’amène l’outil et la méthode, j’attends vos expertises !
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.