Les yeux d’Elsa

Qu’en aurait pensé Aragon ? Elsa n’a plus des yeux si profonds qu’en se penchant pour boire on va voir tous les soleils y venir se mirer . . .

Non, les yeux d’Elsa sont devenus numériques, capables de zooms incroyables, parfois même avec des options infrarouges. Car ELSA c’est maintenant les Engins Légers de Surveillance Aérienne, autrement dit les drônes. Peut être y a-t-il des poètes aussi parmi les hauts fonctionnaires de police, après tout ?

Et dire que l’autre jour un gardien de square est venu me rapeller à l’ordre parce qu’avec les enfants nous étions en train de faire décoller un petit jouet télécommandé qui devait peser à tout casser 150 grammes. Bien sûr il y avait un risque d’atterrissage inattendu, mais les voisins étaient rares et loin. Alors je suis un peu jaloux d’apprendre que ces messieurs de la police vont s’amuser avec des engins 10 fois plus lourds, capables de voler jusqu’à 500 mètres d’altitude.

Il paraît que les modèles présentés au salon MILIPOL sont plus fiables, ont un comportement nettement mieux contrôlé. Je n’en doute pas. Mais les vrais risques sont sûrement ailleurs. Après l’usage des tests ADN pour preuve de filiation, les députés ont déjà dans leur tiroir un autre sujet de débat.

C’est dommage que l’usage de ces engins ne soit pas déjà généralisé de façon intensive depuis des années. Leur zoom et l’analyse numérique des images font, parait-il, des miracles. Vous vous rendez compte de toutes les questions aux quelles ils auraient permis d’apporter une réponse ! Est ce que Nicolas continue à se promener au bras de Cécilia ? Qui est le propriétaire du chien qui a déposé la crotte dans laquelle 5 personnes ont déjà marché depuis ce matin ? Dans quel café (et avec qui…) suis je allé boire un verre en terrasse au lieu de rentrer directement ? Combien de magasin a-t-elle fait avant de trouver enfin sa dernière paire de chaussures ? Bien sûr on pouvait avoir une partie de ces réponses avec les 34.000 caméras de surveillance déjà installées en France, mais avec ELSA les progrès sont sensibles. On peut voir les choses de haut, se déplacer loin de la ville. Même si c’est à la campagne que Dominique de Villepin est allé discuter avec Imad Lahoud, on aurait pu le savoir ! En tout cas les prix de l’immobilier vont continuer à se calmer, en particulier pour les derniers étages avec terrasse, sur lesquelles il était si agréable jusque là de bronzer dans la tenue de son choix …