Le séminaire de l’Observatoire Des Cadres du 17 mars avait pour thème «Espaces de travail : dis-moi quel est ton bureau, je te dirais quel est ton management ». Un titre qui semble proposer une logique toute simple alors que les prises de paroles des experts et témoins ont mis en évidence une sacrée complexité !
Emmanuel DELETOILE (Crédit Agricole) témoigne d’une réorganisation concertée des postes de travail dans une caisse de province : comment la période de maturation et les nombreuses séances d’échanges organisées ont permis de préciser l’organisation des espaces au plus proche des attentes. Ce qui semblerait moins vrai sur le récent siège social de Montrouge.
Franck DAOUT (Renault) nous parle des difficultés pour gérer la souffrance au travail apparue au sein du technocentre de Guyancourt dans lequel travaille jusqu’à 12.000 personnes. Comment le pouvoir des patrons des directions fonctionnelles leur permet parfois de résister, voire remettre en cause les déménagements et réorganisations d’espace prévus par le siège.
Alain IRIBARNE avoue avec gourmandise qu’il va bientôt fêter cinquante années de travaux de recherche autour des conditions de travail et de la productivité avant de nous faire part de son point de vue de sociologue. Pas facile de résumer une intervention très riche mais voici quelques points saillants :
- dans le sondage organisé 2013 par actineo, la qualité des relations avec les collègues arrive comme premier facteur important, devant la surface du poste de travail,
- par rapport à d’autres pays européens, les travailleurs français restent les plus attachés à leur liberté. Les règles sont là pour servir de repères, pas forcément pour être respectées. La fraternité est peu visible en situation de routine, elle n’apparaît que lorsque la patrie (ou l’entreprise…) est en danger,
- le rapport à notre espace de travail dépend de nos 5 sens (note personnelle : ceci n’est pas sans rappeler l’introduction de mon livre sur les réunions assitées par informatique…),
- comme beaucoup d’animaux, notre distance d’alerte vis à vis d’un autre individu varie selon qu’il s’agit d’un ennemi ou d’un ami : la surface minimum de confort de notre poste de travail va donc dépendre de la qualité de notre relation à nos collègues,
- dans les openspace, le chef n’est plus celui qui a le plus grand bureau. Il s’agit donc de trouver de nouveaux signes pour identifier les managers,
- les espaces ouverts ou bureaux partagés sont une bonne solution pour favoriser la coopération, rendre chaque personne plus autonome. Mais toutes ne sont pas capables d’atteindre le même degré d’autonomie et une « autonomie prescrite » risque d’être très mal acceptée.
Les intervenants ont peu parlé des outils, même si certaines interventions de la salle sont revenues sur ce point. Ces grands projets de réorganisation des espaces de travail semblent d’abord pilotés par les directions immobilières. Les directions des ressources humaines paraissent s’en désintéresser alors qu’elles auraient pourtant un rôle important à jouer pour aider les managers et les salariés à travailler et collaborer autrement dans leur nouvel environnement.
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