Combien de milliardaires ?
Combien de milliards d’heures ?

La COP21 se termine, avec de plutôt bonnes nouvelles puisqu’il semble qu’un accord ait été accepté. Même si des éléments importants ne sont que dans le préaccord et que l’accord lui même n’a pas encore été signé par les 55 pays concernés. Ce qui m’inquiète le plus c’est que ce texte parle surtout de quelques degrés et de centaines de milliards de dollars. Comme s’il suffisait de mettre 100 milliards de dollars par an pour gagner un dixième de degré. J’ai découvert plusieurs principes incontournables de thermodynamique au cours de mes études d’ingénieurs, mais aucun n’expliquait que l’argent faisait baisser la température…

Temps et argent

Je pense donc que nous faisons vraiment fausse route en ne mesurant notre problème de climat qu’avec des sommes astronomiques, qu’elles soient exprimées en dollars, euros ou yens. Il y a une variable qui nous concerne tous et qui serait plus utile à la négociation en cours : le temps. Un proverbe universel dit que le temps c’est de l’argent et pourtant je rappelle chaque jour à mes fils que la seule chose qu’ils ne pourront pas acheter c’est du temps (bon ok, l’amour aussi c’est difficile à acheter… mais cela dépend un peu de qui tente de le vendre…). Dans le texte de la COP21 le temps n’apparaît que comme les années qui s’écoulent avant que nous arrivions dans le mur, le rythme auquel nous devons libérer ces sommes si grosses qu’elles n’ont plus de sens pour le commun des travailleurs.

C’est d’autant plus aberrant de ne raisonner qu’en somme d’argent que si l’on revient à une échelle humaine, sauf pour les banquiers et autres spéculateurs qui savent fabriquer encore plus d’argent juste en manipulant de l’argent, une somme d’argent « à taille humaine » correspond forcément dans notre inconscient au temps de travail nécessaire pour la gagner. Et si l’on poursuit ce raisonnement, on comprend vite que l’on NE PEUT PAS s’entendre sur les sommes en jeux, car elles ne représentent pas la même chose pour les négociateurs des différentes nations, voire pour les différentes classes sociales au sein d’un même système économique.

Démonstration. L’accord parle de 100 milliards de dollars par an. Avec un ordre de grandeur de 100 millions de travailleurs dans nos pays développés prenons un chiffre rond de 1000 dollars par travailleur ou foyer. Utilisons maintenant la liste des salaires moyens OIT 2012. En France, avec 2900 dollars par an en moyenne, 1000 dollars sont ne l’équivalent que de 0,34 mois de travail. En Chine, avec un salaire de 650 dollars, il faut par contre travailler environ un mois et demi pour gagner la même somme. Personnellement je travaille déjà beaucoup plus que 0,34 mois pour payer mes divers impôts nationaux, plutôt de l’ordre de 2 mois par an je pense. Donc si vraiment ces 0,34 mois permettaient de sauver la planète, je n’hésiterai pas une seconde (tic….tac….tic….tac….).

Pourquoi donc ne pas raisonner en terme de temps que nous sommes prêts à donner pour sauver la planète ? Temps que l’on retrouve d’ailleurs aussi dans toutes nos paradigmes écologiques :
– rouler moins vite (donc plus longtemps….) pour consommer moins,
– manger des fruits en fonction des saisons (mûris au bon moment),
– ne pas chercher à tout prix à télécharger un film HD en moins de 20 secondes.

Combien de milliards d’heures
pour avoir encore le droit de vivre
plein d’autres milliards d’heures
sur notre belle planète bleue ?